À Saint-Léger suis réfuigié, J.C. Pirotte
un poème d’après-mididans une atmosphère immobileon dirait presqu’un paradissi le temps n’était pas mobile et ne traversait le jardincomme le merle à cet instantdans une lumière d’étainsi le temps n’était pas le temps et ne laissait l’après-midià la merci des contreditssi le jour n’était pas à jour et pouvait faire demi-toursi les busards et les autoursn’annonçaient pas la fin du jour
Abîmes cachés, G. Bocholier
On est de son enfance comme d’une prison. Ma prison fut acceptée, épousée, volontaire. Elle avait des coteaux pour murailles, des vignes, des jardins pour couloirs et pour cellules. Peu m’importaient ses petites dimensions. Pour moi elles étaient immenses et ce qui se passait au soleil du printemps et sous les ors de l’automne, dans un coin du jardin, remplissait mes sens, tout mon espace intérieur. J’ai aimé les cortèges de vent dans le haut tilleul contre la maison et dans les frênes du talus. De terrasse en terrasse, je pouvais m’élever jusqu’au sommet du puy. De là, j’embrassais la chaîne des volcans, la plaine avec ses vagues dorées, les petites ondes rougeâtres des toits, les pentes où les rangs de vignes s’alignaient, aussi propres et beaux que des allées. J’aspirais les souffles, les lueurs, les senteurs. Je ne souhaitais pas d’autres vues, d’autres horizons. Je comprenais obscurément qu’un cercle de feuillages peut renfermer tout un monde, abriter une réserve d’émerveillements. Ce n’était pas des instants de pensée, mais chaque jour la rencontre d’une présence inconnue et sacrée.