À chaque pas, B. Degott
J’ai sur ma table un bouquet de pervenches
qui commence à pâlir… on en trouvait
à profusion dans la forêt dimanche
(parfois, c’est comme si rien n’entravait
le cœur, on entretient l’oubli… n’empêche
que tout s’impose avec le temps, le mur
enfin s’effondre, la fleur se dessèche
et l’amour se pourrit comme un fruit mûr)
je te confie ce bouquet de langage
emporte-le sur les chemins où tu
situes la crête et qu’afin de partage
il y résonne autant que je l’ai tu
la pâleur j’y consens, que soit diaphane
ce qui doit l’être et que le reste fane.
À ciel ouvert, J. Chavanne
On s’est assis, oisif après-midi.
Il a plu, on n’a rien voulu
qu’entendre dehors la chute sourde, la pluie,
et dans les sapinières se déployer
le vent, sa rumeur dans les tentures,
non pas un feuillage, des pelisses plutôt de verdure.
Ainsi on écoutait chuinter les météores
dans les heures creuses et vides en apparence,
et dans l’oreille un même bruissement.
Puis, l’enfant a demandé qu’on lui fasse une natte,
on s’y est appliqué,
le temps prenait une épaisseur d’étoffe et de cheveux,
la densité qui nous fuit
à force de rêver notre puissance, de tant d’activité.