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Gérard Bocholier, Le village emporté, 96 p., 14 euros
Il a toujours été là, au centre du jardin, contre la maison. Ses plus hautes branches dépassent à présent le toit, caressent les tuiles. Mes initiales, jadis creusées dans l'écorce, se comblent d'année en année, vont bientôt s'enfoncer dans l'invisible comme tous ces êtres aimés qui se sont éloignés dans la nuit.
Chaque printemps, les murmures et les soupirs défunts reviennent se mêler au jeune bruissement des feuilles. Un concert d'oiseaux, soudain, le fait crépiter d'espérance. En juin, le tilleul bourdonne comme une énorme ruche. Son parfum blond comble tous les gouffres de l'absence et finalement triomphe, poème sublime, des pluies noires de la mort.
Une grâce ? Oui, sans doute, puisque alors, fermant les yeux, je vois une lumière de Paradis.